Brice a travaillé sur un projet photos sur le vivre-ensemble à Sherbrooke afin de favoriser le rapprochement interculturel. Dans sa démarche, Brice a invité neuf participants à écrire sur une feuille de papier un mot, dans leur langue maternelle, sur le vivre-ensemble à Sherbrooke. Ces mots ont été immortalisés par une prise de photo. Nous sommes allés à la rencontre de Brice pour découvrir sa démarche liée au projet photos, son expérience en tant qu’ambassadeur et son parcours.
Originaire du Cameroun, Brice est un jeune engagé et un humain résilient. Il habite à Sherbrooke depuis 2019 et s’implique dans différents projets. En tant qu’ambassadeur du projet Jeunes de la diversité culturelle en région, il a fait entendre sa voix pour promouvoir le vivre-ensemble à Sherbrooke par le biais d’un projet photo. Le temps d’une courte rencontre, nous vous proposons d’en apprendre davantage sur le parcours de Brice et sur son engagement auprès de Citoyenneté jeunesse.
Parle-nous un peu de ton parcours.
Je suis originaire du Sud Cameroun. J’ai quitté lorsque j’étais gamin en raison du contexte de persécution au Cameroun. J’ai cheminé en Afrique de l’Ouest pour ensuite me rendre au Maroc où j’ai obtenu une protection internationale. Dans un premier temps, l’intégration a été une quête assez difficile, car il n’y avait pas un vivre-ensemble qui rayonnait ni facilitait l’intégration. Dans mon processus d’intégration, j’ai fait du bénévolat auprès de différentes associations notamment chez Caritas et GADEM.
J’ai commencé ma carrière artistique au Centre culturel africain du Maroc en étant coordonnateur d’activités. Grâce à ce poste, j’ai commencé à développer ma carrière photographique. Ma rencontre avec Leïla Alaoui, photographe marocaine féministe qui traitait la photo migratoire, a été déterminante. J’ai assisté à plusieurs de ses ateliers. Par la suite, j’ai rencontré d’autres photographes et c’est à partir de ces rencontres que j’ai développé mon style photographique.
Pour perfectionner mon art, j’ai suivi des formations pendant 2 ans notamment auprès de la Fondation Orient-Occident au Maroc. J’ai fait aussi une formation de 2 ans et demi en communication et marketing. J’ai aussi un grand intérêt pour la caricature. En 2018, j’ai été sélectionné dans le cadre d’un concours de caricatures financé par les gouvernements italien et marocain.
En 2019, je reçois un coup de fil m’apprenant que je suis sélectionné pour immigrer au Canada. Je suis donc arrivé à Sherbrooke en 2019. Mon intégration s’est réalisée très rapidement. Au bout de trois mois, j’étais intégré. C’était comme si j’étais né ici parce que j’ai su véhiculer le message en valorisant ma culture; d’où je venais, ce que je me rappelais et ce qui se passait chez moi. J’essayais de retracer la carte géographique de ma culture quand je parlais avec les uns et les autres. C’est ce qui m’a permis d’avoir plusieurs opportunités et de côtoyer une multitude de personnes.
Pour toi, qu’est-ce que le vivre-ensemble?
Pour moi le vivre-ensemble est l’acceptation de toute personne venant d’ailleurs. C’est le fait d’avoir une société plus brassée, plus colorée et de s’accepter tel que nous sommes. Pour moi le vivre-ensemble, c’est d’accepter l’autre sans toutefois regarder d’où il ne vient ni porter de jugement négatif parce que toute personne venant d’ailleurs est une valeur ajoutée. C’est une personne qui vient apporter «un plus» dans la nouvelle société dans laquelle elle s’installe.
Tu as réalisé un projet photo regroupant 9 clichés où l’on peut y lire des mots de bienvenue rédigés dans différentes langues. Peux-tu nous expliquer ta démarche et ton objectif derrière ton projet?
La démarche derrière mon projet est de montrer que dans notre région (Estrie) les gens semblent être loin de l’individualité et se rappellent que les gens se ressemblent. En se ressemblant, c’est tout le monde qui souhaite la bienvenue à toute personne qui souhaite s’installer au Québec éventuellement. Les mots de bienvenue dans différentes langues et dialectes reflètent l’image d’un Québec à travers sa politique migratoire qui accepte toute personne telle qu’elle est sans exception.
Qu’est-ce qui t’a motivé à devenir un ambassadeur pour le projet « Jeune de la diversité culturelle en région » ?
Ce qui m’a incité à devenir jeune ambassadeur du projet, c’est le fait de porter la voix des sans-voix. Lorsque je parle de sans-voix, je fais référence à des communautés que je trouve résilientes puisqu’elles cherchent à s’intégrer tout en voulant préserver leur identité et leur valeur. Il s’agit d’un défi pour elles, car lorsqu’elles arrivent dans des sociétés occidentales, elles ont souvent peur de perdre leur valeur et leur identité. Alors, comment réussir à s’intégrer pour essayer de se faire connaître sans nier son identité ? C’est cette question qui m’a motivé à m’impliquer pour militer pour les causes et porter la voix de tout un chacun.
Que retiens-tu de ton expérience avec Citoyenneté jeunesse comme ambassadeur ?
Je retiens un chemin qui a été assez fructueux dans le sens où je me retrouvais au sein d’un groupe où toutes les communautés étaient représentées. Je me sentais dans une bulle plurielle où il y a beaucoup de messages positifs et des jeunes qui avaient ce besoin de changer le monde d’une autre façon. C’est ce qui m’a fasciné dans le projet, au point où je ne voulais manquer aucune rencontre! Les rencontres m’ont permis de m’enrichir et de rapporter chez moi, à Sherbrooke, cette perspective de changer la vision individuelle qui peut régner parfois. Avec le projet, je me suis senti dans le cadre d’un Québec qui accepte tout le monde tel qu’il est.
Si tu avais un souhait à formuler pour le Québec de demain ?
Ce serait de voir un Québec plus pluriel dans tous les secteurs, notamment le secteur de l’éducation qui est prioritaire quand les immigrants arrivent. J’aimerais voir que les communautés, lorsqu’elles arrivent, soient chassées de toute gêne et qu’elles soient ouvertes à partager. Par exemple, lorsqu’on arrive, on doit sentir qu’il y a la communauté syrienne dans ce quartier qui invite d’autres communautés à partager davantage leur culture. Le but n’est pas de rendre un Québec comme une Afrique. Le but est de rendre le Québec plus multiculturel dans le sens où on doit apprendre à se connaître, mais chacun doit avoir la carte du monde entre ses mains afin de mieux se connaître même si on n’a jamais été soit en Afrique ou au Moyen-Orient par exemple. On doit être en mesure de connaître les origines de tout un chacun sans y avoir mis le pied. C’est ça mon souhait prioritaire pour le Québec de demain.