Originaire du Congo, Caleb Kitunda est un jeune artiste résilient et sensible. À l’automne 2022, il emménage dans la Ville de Québec avec toute sa famille pour entamer un nouveau chapitre de sa vie. Passionné par la musique, Caleb souhaite faire entendre sa voix par les paroles et la mélodie. Rapidement après son arrivée à Québec, il décide de s’inscrire à l’initiative Jeunes de la diversité culturelle en région. C’est pour lui une occasion de se connecter avec d’autres jeunes inspirants.
Parle-nous un peu de ton parcours.
Je suis arrivé au Québec en octobre 2022 avec mon père, ma mère, mes deux petites sœurs et mon petit frère. Ç’a été plus difficile au début. Développer des nouveaux repères n’est pas évident, mais je me suis adapté très vite.
D’aussi loin que je me rappelle, la musique a toujours fait partie de ma vie familiale et amicale. Étrangement, lorsque j’étais très jeune, je ne me voyais pas faire de la musique. J’étais plutôt en observation et spectateur d’elle. Vers l’âge de 16 ans, ma mère m’a encouragé à rejoindre la chorale de mon église. C’était plutôt un hobby pour moi à cette époque.
Par la suite, j’ai rencontré un groupe d’amis à l’école secondaire qui m’a initié à la musique comme je la pratique aujourd’hui. Je me suis intéressé à ce qu’ils faisaient en posant des questions et, aussitôt, j’ai intégré le groupe. J’ai participé à plus de 200 ensembles et fait des séances en studio. À ce moment, je ne connaissais rien à la musique. Par exemple, en studio, on me disait quoi faire exactement. C’est grâce à eux si je fais de la musique aujourd’hui. Ils m’ont beaucoup appris pendant ces deux années passées dans le groupe.
À la fin de mon secondaire, j’ai décidé de quitter le groupe et de faire ma propre musique. Cette période de ma vie a été difficile au niveau personnel. Ces difficultés ont été pour moi une source d’inspiration musicale. Je me suis concentré sur ma vie spirituelle et son impact sur ma capacité à traverser les épreuves. Pendant cette période, j’ai réalisé que les seuls moments où je pouvais bien me sentir c’était quand je faisais de la musique. C’est là où j’ai compris le pouvoir de guérison de la musique et son importance dans ma vie. La musique a donc été pour moi un médium d’expression à travers lequel j’ai pu partager mon vécu et mes expériences.
Après un an de travail en musique, j’ai commencé à me faire remarquer par les médias locaux intéressés par mon style de musique. Aujourd’hui, je poursuis toujours ma musique à Québec avec mon nouveau réseau d’amis et de collaborateurs qui proviennent des quatre coins du monde.
Pour toi, qu’est-ce que le vivre-ensemble?
Pour moi, le vivre-ensemble, c’est de vivre malgré nos différences pour créer une certaine unité au-delà du fait que l’on ne vienne pas tous du même milieu ou qu’on n’ait pas tous reçu la même éducation.
Pour toi, comment la musique peut-elle contribuer à l’inclusion des jeunes de la diversité culturelle au Québec?
Le pouvoir de la musique, c’est de combiner des sons d’une manière agréable à l’oreille à des paroles. Parfois, il y a de la musique dont je ne connais pas forcément la langue chantée, mais j’aime quand même la mélodie. Pour moi, la musique en soi n’a pas de barrière. La musique pourrait faciliter le vivre-ensemble du moment où je me dis qu’elle réussit à briser les barrières que les paroles ne peuvent. Un jour, en écoutant une vidéo, j’ai compris que la musique est une chose tellement forte qui n’a pas besoin d’autorisation pour pouvoir pénétrer le corps. J’ai compris que tu n’as pas besoin de comprendre les paroles pour aimer la mélodie. Un artiste, qu’il soit congolais, américain ou autre, communique à travers son art. Tu peux découvrir cette personne, peu importe son origine, et tu peux aimer sa musique en fonction de ce qu’elle t’a communiqué.
Comment l’art et la musique contribuent-ils à ton inclusion au Québec?
Mon arrivée au Québec a été difficile, mais dès que j’ai pu rencontrer d’autres artistes issus de l’immigration, comme moi, ils ont pu m’aider à retrouver ma zone de confort. C’est ce qui m’a aidé à trouver ma place au Québec. La musique a été pour moi une occasion d’apprendre à connaître les autres et de défaire certains préjugés que je pouvais avoir moi-même.
La musique a provoqué la réunion et ça m’a permis de développer un réseau au Québec. Cela m’a montré que la musique provoque la rencontre dans la simplicité. Selon moi, la musique a le pouvoir de réunir les différentes cultures et favoriser le rapprochement entre elles. C’est de cette manière que l’on peut apprendre à mieux vivre ensemble. Elle a le pouvoir de réunir plusieurs cultures différentes pour apprendre à se connaître et savoir mieux vivre ensemble. Ce réseau est maintenant fort, car, depuis que je suis au Québec, je sens que ma carrière prend son envol.
En tant qu’artiste d’origine africaine, je souhaite intéresser les Québécois et Québécoises à ma musique. C’est plutôt difficile, car je constate que nous n’avons pas les mêmes intérêts musicaux ici qu’en Afrique. Selon moi, un artiste, c’est quelqu’un qui s’adapte. Je considère être en période d’observation sur ce que les Québécois et Québécoises aiment afin d’adapter ma musique et susciter leur intérêt. Mon objectif est d’offrir un lieu de rencontre sans prétention, sans barrière. Selon moi, la musique permet d’avoir un accès authentique aux individus et d’éviter l’intellectualisation des relations humaines. Elle permet de se laisser porter par les sons, indépendamment de la langue maternelle ou la culture d’origine.
Avec ta musique, que souhaites-tu partager comme message?
Avec ma musique, je souhaite partager ma spiritualité et mes expériences. Je fais du storytelling en racontant mes expériences et celles des gens proches de moi. Je mets de l’avant mon vécu en expliquant une situation vécue et comment j’ai pu m’en sortir et où j’en suis aujourd’hui. J’écris aussi sur des situations vécues par les proches.
Ma musique est mélancolique. Elle est pour moi un message de guérison et de libération personnelle, mais aussi pour les autres. Je souhaite que les gens qui l’écoutent puissent s’y retrouver et j’espère leur faire du bien afin qu’ils se disent « je ne suis pas tout(e) seul(e) à vivre cela ».
Qu’est-ce qui t’a motivé à devenir un ambassadeur pour le projet « Jeune de la diversité culturelle en région » ?
Je suis une personne plus timide; j’observe davantage que je parle dans un groupe. Avec le temps, je me suis rendu compte que, parfois, cette attitude me faisait manquer des occasions. Peu après mon arrivée à Québec, j’ai entendu parler du projet par Ghislain, un intervenant jeunesse du Centre multiethnique de Québec. Il m’a encouragé à m’inscrire dès qu’il a vu que j’avais de l’intérêt. Je suis vraiment sorti de ma zone de confort! Pour moi, les deux premiers mois où je suis arrivé au Québec ont été difficiles, donc je me suis dit que ça pourrait être une occasion de rassembler les gens et de pouvoir sentir que l’on [les nouveaux arrivants et nouvelles arrivantes] a notre place ici. Je me suis dit que je pouvais moi aussi faire les premiers pas et aller vers les autres.
Que retiens-tu de ton expérience avec Citoyenneté jeunesse comme ambassadeur ?
Ce que j’ai le plus apprécié, c’était l’accueil au camp. J’avais rencontré le groupe par des rencontres virtuelles avant le camp et j’avais remarqué être le plus jeune. Ça me rendait un peu mal à l’aise au début, mais on m’a vraiment laissé parler et avoir ma place. On me laissait parler, pas à cause de mon jeune âge, mais pour ce que j’avais à dire et à partager. J’ai vraiment apprécié du début à la fin et ça a vraiment été une belle expérience pour moi!
Si tu avais un souhait à formuler pour le Québec de demain ?
Mon souhait va dans le sens du vivre-ensemble ; c’est que les gens arrivent à se côtoyer plus. Dans la culture québécoise, chacun fait ses choses de manière plus individuelle. Je pense que pouvoir se réunir parfois permet de briser certaines barrières. Peut-être que l’on parle une langue différente ou que l’on mange de la nourriture différente, mais on peut quand même avoir des points communs. Ce sont ces choses-là qui nous permettent de nous réunir ensuite. L’idée n’est pas de se réunir tout le temps, mais d’avoir des points communs qui nous rassemblent à certains moments.